Crise libyenne : Revoilà le parasitage marocain !
Le Maroc, qui a déjà joué un rôle malsain pour enfoncer la Libye voisine dans son inextricable crise, donne l’air de ne guère vouloir lâcher prise. Au reste, la sérieuse brouille diplomatique advenue l’an passé entre Berlin et Rabat était liée à l’exclusion du Maroc de la rencontre qu’avait orchestrée l’Allemagne autour du règlement de la crise libyenne. Or, cette exclusion était en soi un aveu tacite que le Maroc est un facteur perturbateur et un élément aggravant de cette crise une crise qui, hélas, n’en finit plus de s’aggraver depuis le report sine-die de l’élection présidentielle qui était prévue pour le 24 décembre passé. On apprend que le Maroc serait revenu secrètement à la charge pour brouiller les cartes liées à ce processus long et onéreux. Nos sources évoquent ainsi de discrètes rencontres entre des responsables des AE et des services secrets marocains et des membres de la chambre des représentants basée à Toubrouk d’Agulia Saleh. Les conjurés se seraient entendus autour de « profondes révisions législatives et constitutionnelle », avant d’envisager tout éventuel retour vers le processus électoral, le but étant comme de juste de verrouiller un arsenal juridique à même de favoriser l’accès à la présidence libyenne d’Aguila Saleh. A la lumière de ces révélations, on comprend mieux pourquoi et comment ce dernier, qui devait être depuis toujours à la botte des Marocains, a fait capoter la présidentielle de ce 24 décembre. Orchestré par le président de la Chambre des représentants de Tobrouk, Aguila Saleh Issa, le vote d’une motion de défiance contre le Gouvernement d’union nationale (GUN) a en effet porté un coup fatal à la tenue de cette élection. Le président de la Chambre des représentants a déjà consolidé sa position par son passage en force sur la loi électorale, qui semble taillée sur mesure et qu’il a imposée le 9 septembre sans l’accord du Haut Conseil d’État, pourtant requis par la feuille de route onusienne. Au regard du nombre important d’acteurs qui se disputent leur influence dans la région, et du discret retour en force de Rabat, force est de conclure que la crise libyenne est présentement bien loin de voir le bout du tunnel…
Kamel Zaidi