Dans la logique d’un indu-occupant : Le Maroc gèle l’exploitation d’un film à cause d’une chanson sahraouie
Une année après sa sortie en salles, le film franco-marocain « Burning Casablanca » (Zonka contact), réalisé par Ismaël El Iraki, est interdit de projection au Maroc, depuis ce jeudi 20 octobre, rapporte l’AFP. Le Centre cinématographique marocain (CCM) « suspend le visa d’exploitation commerciale et culturelle » car dans la Bande originale du long métrage, le réalisateur a intégré une musique de la chanteuse Mariem Hassan, profondément engagée dans la lutte des sahraouis pour leur affranchissement de l’occupation marocaine. Le CCM justifie sa décision par le fait que « cette musique n’avait pas mentionnée lors du dépôt de la demande de subvention et d’exploitation ». Il a donné au producteur un délai de 48 heures pour se conformer au cahier de charge et a sanctionné le réalisateur par le retrait de sa carte d’artiste professionnel et l’accréditation qui l’habilite à obtenir des aides publiques. Au-delà des arguments qu’il présente par le truchement du CCM, le Maroc a réagi dans la logique d’un occupant d’un territoire qu’il ne lui appartient pas, en ce sens qu’il n’a pas toléré qu’une chanteuse, connue pour son militantisme pour la cause sahraouie, soit mise en vedette dans une réalisation cinématographique qu’il avait financé. Mariam Hassan, décédé en 2015 des complications d’un cancer à l’âge de 57 ans, avait effectivement une notoriété ébranlante. En 1975, elle a fui Smara, sa ville natale, pour les camps de réfugiés sahraouis. Elle y passa 27 ans. En 2002, elle s’exila en Espagne pendant quelques années, puis revint à Tindouf où elle rendit l’âme. Sa carrière internationale a duré pendant deux décennies. Ce qui a permis de servir la cause de son peuple, par la musique et la chanson. Les plus hautes autorités sahraouies ont assisté à ses obsèques.
S. B.