Dans une Tribune parue sur Libération : Benjamin Stora vole au secours d’Emmanuel Macron
L’historien Benjamin Stora, pied noir chargé de mener un subjectif travail mémoriel sur le passé colonial et criminel de la France, vient de voler au secours du candidat-président, désormais en mauvaise posture face à Marine Le Pen. L’argumentaire est simple. D’une simplicité enfantine même. Entre deux maux, il faudrait objectivement choisir le moindre. « J’entends autour de moi depuis dimanche une petite musique qui met sur le même plan Marine Le Pen et Emmanuel Macron », attaque tout de go Stora dans sa courte tribune, parue ce vendredi sur le journal français Libération. Certes, entre ces deux finalistes à la présidentielle française, la comparaison ne se pose même, tant un univers sépare Macron de Le Pen, s’agissant du passé colonial de la France. L’exercice intellectuel de Stora s’avère dès lors particulièrement aisé de convaincre ses concitoyens de s’en aller voter en faveur du président sortant. Les choses ne sont toutefois pas si simples et manichéennes qu’elles le paraissent. Quand Macron prône une sorte de ligne paternaliste qui n’est pas si éloignée que cela de du « respect » que souhaite instaurer Le Pen dans ses relations futures avec Alger. Ce choix cornélien entre la peste de l’un et le choléra de l’autre n’exclut pas de possibles et grossiers dérapages comme ceux qu’avait commis Macron lors de sa rencontre élyséenne avec des harkis et descendants de ces derniers. Bref, le choix qui semblait naturellement tranché à priori, s’avère être autrement plus subtil et compliqué. Les harkis, pour nous, sont des traitres et des collabos. Ils deviennent des presque-héros aux yeux de Maroc, et restent des moins que rien pour la suprématiste non-déclarée Le Pen. « Pendant le mandat d’Emmanuel Macron, a été reconnu la responsabilité de l’Etat français dans l’enlèvement et le meurtre du mathématicien militant communiste Maurice Audin. Suite au rapport demandé par le président de la République que j’ai remis en juillet 2021 (1), différentes préconisations contenues dans ce rapport ont été réalisées ». suit alors une énumérations des « menues-concessions » faites par Macron à l’Algérie sur le plan mémoriel. Car, il est un fait que sous ses dehors ouverts et « bon-enfant », Macron refuse de céder sur l’essentiel. Ne lâche que des miettes, histoire de faire accroire qu’il serait de bonne foi, et serait prêt à aller jusqu’au bout de ce travail mémoriel. Cette manie de placer dos-à-dos les vaillants combattants de l’ALN et les soldats venus nous tuer et nos coloniser ne passe franchement pas. Pour Macron, pas question d’excuses ni de repentances. Pas question non plus d’assumer en tant que chef d’Etat ce qu’il avait courageusement déclaré depuis Alger alors qu’il n’était encore que candidat. Certes la pilule macronienne passerait mieux que la froide intransigeance lepeniste. Mais, dans les deux cas, nous sommes encore loin des légitimes exigences d’Alger.
Ali Oussi