Devant les membres de la commission santé de l’APN : Dr Benbahmed expose la feuille de route pour l’industrie pharmaceutique
Devant les membres de la Commission de la santé et des affaires sociales de l’Assemblée nationale populaire (APN), le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Dr Lotfi Benbahmed, a fait, ce mardi, un long exposé sur les acquis et les accomplissements de son département depuis sa création en juin 2020, par le décret présidentiel n° 20-163.
Il a illustré, au préalable, par des exemples et des chiffres, le marasme dans lequel s’enlisait le secteur sous le poids de la bureaucratie, une gestion étriquée et surtout les passe-droits.
L’industrie pharmaceutique a pris un bel envol au milieu des années 2000, avant d’amorcer un fléchissement notable dans ses activités et son rendement à partir de 2017, a-t-il soutenu.
L’hôte de la chambre basse a égrené aussitôt les entraves qu’il a constatées à son arrivée au gouvernement : plus de 2000 dossiers en attente d’enregistrement au niveau de l’Agence nationale des produits pharmaceutiques ; l’enregistrement de plus de 700 nouvelles molécules en stand-by à la direction de la pharmacie du ministère de la Santé et de la Population; la direction nationale du médicament ne s’était pas réunie pendant deux ans ; quasiment pas d’enregistrements de dispositifs médicaux produits localement (600 dossiers bloqués) ; retard injustifié dans l’enregistrement des biosimilaires et des génériques ; commandes de la PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux) circonscrits à 29 produits lui coutant 60 milliards de dinars annuellement…
Pour réorganiser le secteur, il fallait commencer par élaborer une règlementation exhaustive (jusqu’alors 12 décrets exécutifs et 28 décisions ministérielles publiés) et créer un maillage d’instances, en conférant à chacune des missions et des prérogatives ciblées (six directions techniques en sus de la mise sous tutelle du ministère de l’Industrie pharmaceutique du groupe Saidal et de l’Agence nationale des produits pharmaceutiques).
L’étape suivante de la feuille de route du MIP reposait sur trois objectifs : relever le taux de la production nationale à 70% ; réduire la facture des importations et garantir la disponibilité constante des produits pharmaceutiques.
Le membre du gouvernement a exposé les mesures qu’il a prises dans cette optique : interdiction d’importation de tout produit fabriqué in-situ ou non essentiel ; étude comparative des prix ; exploitation rapide des usines en phase finale de construction ; focalisation de la production nationale sur les médicaments chers (oncologiques principalement) ; promotion de la fabrication locale des intrants et de la matière première ; mise en place d’une plateforme de veille sur les programmes d’importation, les prévisions de production et les stocks des produits pharmaceutiques disponibles… « Grâce à ces dispositions, la production nationale a fait, en valeur, un bond de 52 en 2019 à 66% en 2021» a affirmé le ministre de l’Industrie pharmaceutique aux députés.
La proportion représente 3,1 milliards de dinars sur la valeur globale du marché pharmaceutiques nationale (4 milliards de dollars), soit une hausse de près de 1 milliards de dollars par rapport à 2020. En parallèle, les programmes d’importation des produits pharmaceutiques ont baissé de 1,7 milliards de dinars en 2020 à 1,2 milliards de dinars en 2021.
Dr Benbahmed a précisé que l’Algérie fait, désormais, l’économie d’un milliard de dollars chaque année après que son département soit parvenu à négocier une réduction de 20% les prix des insulines importées.
« Nous comptons faire de même avec tous les médicaments qui grèvent la trésorerie des Caisses de sécurités sociales » a-t-il assuré en soulignant que depuis l’installation d’une commission afférente, les prix de 1654 médicaments essentiels ont été révisés à l’avantage de l’Algérie.
Le cap est mis sur l’exportation par la signature d’une Convention avec l’Agence africaine du médicament ; lobbying pour localisation de cette agence africaine en Algérie ; la création d’une plateforme logistique conjointement avec le ministère du Transports ; créations de filiales des groupes pharmaceutiques nationaux à l’étranger ; participation à des foires internationales afin de placer les produits algériens sur le marché africain…
Le ministre de l’Industrie pharmaceutique a achevé sa présentation par la stratégie adoptée face à la situation pandémique.
Soulef Biskri