Eclairage
Du syndrome zemmourien
Par Mohamed Abdoun
Le nouveau débarqué, celui qui cultive un tacite et incommensurable complexe d’infériorité vis-à-vis de la société qui l’accueille, se sent constamment obligé de redoubler les gages de flagornerie et de zèle empressé. Cette odieuse anomalie est hélas inscrite dans les gênes de la nature humaine.
Le peuple hôte observe avec amusement et condescendance le redoublement de ces marques de soumission, à tout le moins immodérées. Il me souvient par exemple avoir entendu disserter un de ces centaines d’analystes qui se pressent dans les plateaux télés depuis l’apparition de la bulle zemmourienne.
Pour lui, en effet, si n’importe quel français de souche avait tenu ne serait-ce que le centième des propos racistes et xénophobes d’Eric Zemmour, il serait immédiatement fait traiter de fasciste.
Pour imager cette approche très juste et particulièrement pertinente, il me semble qu’aucun observateur ne saurait accepter d’entendre radoter Zemmour si ce dernier s’était appelé Dubois ou Durand. Mais, partant du constant où il s’agit d’un juif fils d’émigrés, on le laisse (mé)dire tout haut ce que beaucoup de français pensent tout bas.
Partant de cette approche que l’on pourrit qualifier de « psychopolitique », on se rend bien compte à quel point Zemmour donne l’air d’avoir découvert le Graal avec son discours programmatique, ses origines ethniques et même, oui même son physique.
A ce titre, il cristallise le bonne conscience des occidentaux » de souche, dérangés dans leur petit confort matériel et moral par ces migrants qui n’ont même pas la « décence » de rester agoniser et crever loin du pas feutrés et bien balayé de leurs portes. Zemmour, hélas, n’est pas le seul dans ce cas.
A croire que la flagornerie fait en effet partie des gènes de la race humaine. Inutile de préciser, ce me semble, que cette détestable attitude se place à la lisière de la trahison et du reniement. Priti Patel, membre du parti conservateur britannique, est également secrétaire d’Etat à l’Intérieur. Elle est également la fille de Sushil et Anjana Patel, des immigrés d’origine indienne.
Bien ancrée et engagée dans cette attitude zemmourienne, que je souhaiterais voir traitée un jour par certains de nos meilleurs chercheurs en psychiatrie, vient de lancer un projet de décret soutenant que le Hamas palestinien serait aux yeux de Londres une organisation terroriste. Rien que ça. La résistance et le droit à la résistance face aux horribles crimes d’Etat de l’entité sioniste n’ont jamais été du terrorisme ni ne le seront jamais d’ailleurs.
Sur le plan strictement démocratique, doctrine à laquelle l’Occident croit tellement fort qu’il a tenté de l’imposer de manière… dictatoriale à toute la planète, force est de relever que les deux tiers du peuple palestinien votent et croient à la résistance du Hamas.
Selon cette zemmourienne, donc, c’est une bonne partie du peuple palestinien qui serait classé terroriste. Simplement parce qu’il refuse de se faire spolier et massacrer en silence. Il en va de même pour le Hezbollah libanais. O, lui en veut d’avoir chassé l’armée sioniste du sur de ce pays.
Vu sous ce prisme, d’ailleurs, eu au regard du poids du Hezbollah aux yeux du peuple libanais, on comprend mieux pourquoi c’est ce pays tout entier qui se trouve au bord du précipice. Dans le même ordre d’idées, on laisse faire cette punition collective contre les deux millions de Ghazaouis pour leur apprendre d’avoir osé voter un jour en faveur du Hamas.
Le terrorisme en devient une notion tout aussi fuyante que qu’élastique. Ce qui n’est pas sans rappeler les bons et les mauvais terroristes de François Hollande.
M.A.