Elise Taulet raconte son expulsion musclée de Tan-Tan : « Votre voyage est redirigé vers le nord ! » (vidéo)
Elise Taulet, avocate française chargée de défendre des prisonniers politiques sahraouis, que nous n’avons hélas pas pu joindre personnellement, a raconté dans une courte vidéo la manière peu cavalière, carrément dictatoriale, avec laquelle elle a été expulsée du Maroc, et de mettre les pieds dans les territoires occupés sahraouis.
Auparavant, son collègue Joseph Breham, avocat du célèbre détenu de Gdeim Izik Naama Asfari, avait été empêché en amont d’embarquer vers le Maroc.
Son téléphone personnel avait été infecté auparavant par le logiciel espion Pegasus, ce qui lui avait fait comparer le régime marocain à celui de la Corée du Nord. Or, force est de constater que les choses ont empiré depuis, à voir le traitement qui vient d’être réservé à Elise Taulet.
Celle-ci, étroitement suivie et encadrée par des gendarmes des forces royales marocaines, ainsi que par des agents des services secrets de la DGED de Yacine Mansouri. Elise Taulet devait se rendre dans les territoires occupés pour rencontrer des prisonniers politiques sahraouis, ainsi que des membres de leurs familles.
Mais, une fois arrivée à Tan-Tan, elle a été brusquement et violemment séparée de son contact, Hassana Moulay Eddahi, membre du bureau exécutif de la Ligue de Protection des Prisonniers Politiques sahraouis (LPPS). Ce dernier, avec lequel nous avons pu échanger, brièvement, a brusquement « disparu ». Tout porte à croire qu’il a dû être interpellé, alors que son téléphone lui a été confisqué.
Bref, Me. Elise Taulet, prise en charge par des gorilles taciturnes à la mine patibulaire, se sont contentés de lui dire ceci : « votre voyage est redirigé vers le nord ».
Sa valise est vite transférée vers un taxi allant dans le sens inverse de sa route. S’en suit un voyage éprouvant de hui longues et interminables heures avec un chauffeur ne parlant pas français, ou en faisant semblant, terrorisé qu’il est par les services de sécurité de Mohamed VI.
Partant, comme il en ressort de notre entretien de la veille avec Kenti Bella, chargé de mission au niveau de l’ambassade de la RASD (république arabe sahraouie et démocratique) en France, que les territoires sahraouis occupés ont plus que jamais été transformés en une prison à ciel ouvert, où les droits les plus élémentaires sont allègrement et impunément bafoués. Au reste, même l’envoyé personnel du SG de l’ONU, Staffan de Mistura, a été vertement empêchés de s’y rendre.
Le Maroc défie effrontément les membres du conseil de sécurité de l’ONU et ses nombreuses résolutions concernant la décolonisation du Sahara Occidental.
Il est dès lors impératif d’étendre en urgence le mandat de la MINURSO (mission des Nations-Unies pour la tenue d’un référendum au Sahara Occidental), soit étendue au respect des droits de l’Homme. En attendant, rappelons des passages du dernier communiqué de la LPPS rendant compte de cette expulsion à propos de laquelle la France est tenue de réagir avec toute la fermeté voulue. Il y est la volonté « d’exiger de l’Etat d’occupation marocaine qu’il respecte ses obligations internationales de protection des prisonniers civils, en particulier ce qui est stipulé dans les dispositions du droit international humanitaire ».
Et d’ajouter que «le Comité international de la Croix-Rouge porte l’entière responsabilité de la protection des prisonniers civils sahraouis dans les prisons marocaines ».
Le LPPS demande enfin « à Toutes les organisations et instances internationales et toutes les consciences vivantes exigent des pressions sur l’Etat occupant marocain pour qu’il libère tous les prisonniers civils sahraouis dans les prisons marocaines sans restriction ni condition ». Cette affaire gravissime reste à suivre…
El Ghayeb Lamine