En grève de la faim depuis 79 jours : Le journaliste marocain Souleimane Raissouni à l’article de la mort !
C’est le journaliste et opposant, bête noire du régime « makhzenien » qui vient de donner l’alerte dans un post mis en ligne sur les réseaux sociaux. Il y cite en effet l’épouse du journaliste Souleimane Raissouni, détenu pour des arguments fallacieux depuis le mois de mai passé, et en grève de la faim depuis 79 longs et interminables jours en vue de protester contre l’inqualifiable arbitraire dont il est la victime de la part de la justice marocaine, aux ordres du roi Mohamed VI.
Ali Lamrabet, dans son post, y a craint en effet, et qu’à Dieu ne plaise, que Raissouni ne devienne hélas le premier journaliste victime de Mohamed VI à payer de sa vie son indépendance.
Arrêté depuis le 22 mai et en attente de son procès dans une affaire « de droit commun », le journaliste marocain Soulaimane Raissouni, rédacteur en chef et fondateur du journal dissident Akhbar Al Yaoum, est en grève de la faim depuis 79 jours. Son état de santé se détériorant de jour en jour, il a été transféré à l’hôpital.
Rédacteur en chef du journal Akhbar Al Yaoum, très critique à l’égard du régime marocain, Soulaimane Raissouni est détenu depuis le 22 mai 2020 à la prison locale Ain Sebaâ, à Casablanca.
Officiellement, le journaliste est poursuivi dans une affaire de “viol”. Mais selon sa défense et l’association de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF), cette accusation fallacieuse n’est qu’un prétexte pour museler la liberté d’expression.
Depuis soixante-dix-neuf jours, Soulaimane Raissouni proteste contre son incarcération en observant une grève de la faim qui l’affaiblit, jusqu’à mettre carrément en péril sa propre vie. Samedi dernier, il a été transféré à l’hôpital à la suite de la détérioration de son état de santé. Pourtant, quelques jours auparavant, les autorités pénitentiaires avaient, sous couvert d’anonymat, livré au site d’information 360.ma une tout autre version, tentant en vain de décrédibiliser Soulaimane Raissouni.
La tactique du Makhzen a consisté en effet à lancer et à financer un nombre impressionnant de « sites d’informations » électroniques » tous aux mains des services secrets marocains, tous spécialisé dans la diffamation, l’anathème l’insulte, l’invective et les fausses accusations.
Leur mission est double. D’abord, noyer et parasiter sous le nombre les médias sérieux et crédibles qui surnagent et résistent encore au royaume chérifien d’une part, et tirer à boulets rouges sur l’Algérie et le front Polisario sans la moindre raison plausible de l’autre.
«Ses avocats l’ont vu hier, il était très fatigué (…) il frôle la mort», a déclaré à l’AFP son épouse, Kholoud Mokhtari, avant l’audience devant la cour d’appel de Casablanca. L’administration pénitentiaire (DGAPR) a fait savoir à la cour au début de l’audience qu’il avait «refusé» d’assister au procès.
Ce week-end, l’éditorialiste de 49 ans a été hospitalisé à deux reprises «après avoir perdu connaissance». Soulaimane Raissouni, rédacteur en chef du journal Akhbar Al Yaoum –en banqueroute depuis mi-mars–, est poursuivi pour «agression sexuelle» après une plainte déposée par un militant LGBTQ pour des faits qu’il conteste.
Arrêté fin mai 2020, il dit avoir perdu depuis cette date plus de 35 kg, dont 18 kg pendant sa grève de la faim, lancée pour dénoncer la «grande injustice» de sa détention préventive. «Je suis prêt, voire avide, de ce procès (…) qu’il soit devant la Cour ou devant le tribunal de Dieu», a-t-il écrit la semaine dernière dans une lettre dictée à ses avocats et partagée par son épouse sur Facebook.
La justice a rejeté toutes ses demandes de remise en liberté, malgré une forte mobilisation au Maroc et à l’international. «Nous demandons au roi d’intervenir afin d’éviter une catastrophe humaine pour la liberté de la presse», a déclaré mardi le secrétaire général de Reporters sans frontières Christophe Deloire, venu à Casablanca pour assister au procès de M. Raissouni et à celui d’un autre journaliste, Omar Radi.
Ce dernier, un reporter de 34 ans, est en détention préventive depuis près de 11 mois pour des accusations de «viols» et d’espionnage qu’il conteste.
Mohamed Abdoun