Entretien avec Fouad Sebouta, sénateur FLN : « la nouvelle loi électorale a servi de filtre aux candidatures douteuses »
Législatives, campagne électorale, les scénaros possibles de la prochaine Assemblée nationale, le drame palestinien…
Tels sont les questions que nous avons abordées avec le sénateur FLN, Fouad Sebouta, qui a bien voulu accorder un entretien en exclusivité pour La Patrie News
Avec amabilité et courtoisie, il a bien accepté de nous ouvrir son cœur à la veille de son départ, en compagnie d’autres sénateurs, vers la capitale iranienne, Téhéran, ou une rencontre de parlementaires de pays islamiques auront à débattre de la question palestinienne et les voies et moyens de leur apporter aide et assistance. Suivons-le…
La partie news : La campagne électorale pour les législatives démarre aujourd’hui jeudi 20 Mai, pour être clôturée dans trois semaines avant de passer au verdict de l’urne qui tranchera démocratiquement sur le choix du candidat qui aura à siéger à l’hémicycle pour un mandat de cinq années. Comment voyez-vous Mr Sebouta, la configuration de cette nouvelle Assemblée à l’aune de l’arrivée en masse des listes indépendantes et ceux représentant la société civile ?
Fouad Sebouta : « Vous n’êtes pas sans savoir que ces législatives se déroulent dans un contexte particulier et dans un environnement assez particulier pour le pays. Il y a, vous avez dû le constater un intéressement accru des citoyens et des jeunes à la vie politique à travers l’émergence du Hirak béni notamment à son commencement.
La prochaine chambre basse du Parlement est censée abriter les différentes sensibilités existantes à côté des acteurs politiques de l’heure. Comme il est tout à fait clair que nous assisterons à un recul des partis « classiques » en raison des jugements des uns et des autres à propos de ces formations politiques.
En revanche, il y a de nombreux acteurs de la scène politique nationale qui ont présenté leurs candidatures et qui devraient être en tête des nouveaux députés. Beaucoup de journalistes, de médecins, d’avocats, d’enseignants universitaires se sont lancés dans la course à la députation.
Et par voie de conséquence, à l’arrivée la nouvelle Assemblée populaire nationale sera une sorte de patchwork regroupant différentes sensibilités et différents courants. Or ce qui est à craindre, c’est que nous puissions nous retrouver avec des groupuscules disparates de députés aux contours hétérogènes au sein même de l’Hémicycle.
Ce qui, à mon avis, compliquera davantage la mission allouée à l’action législative du Parlement.
Parce que le grand défi qui se pose aujourd’hui est le passage d’un mode de gestion à un autre avec le moins de dégâts possibles.
Autrement dit une étape antérieure décriée par le peuple vers une étape nouvelle, meilleure et surtout voulue par le même peuple. Mais, la question qui se pose est celle de savoir si ces prochains élus du peuple disposent d’une culture d’Etat assez large.
C’est pourquoi, je pense que cette campagne électorale permettra de donner un aperçu sur les capacités des uns et des autres à travers les prises parole, les discours, les rassemblements populaires ainsi que leurs interventions devant les médias et les rencontres de proximité avec les citoyens.
Ce qui permettra aux votants de faire le tri et porter leur choix sur le candidat idéal qui saura porter ses préoccupations en haut lieu. Ceci dit et je ne le répéterai jamais assez, j’espère que les prochains membres de l’Assemblée nationale sauront se hisser à la hauteur des exigences citoyennes ».
La nouvelle loi électorale, considérée comme un jalon dans le processus des réformes politiques du pays, contient en son sein des articles qui viennent en adéquation avec la moralisation de la vie politique à savoir le bannissement du financement occulte des campagnes électorales. On peut citer les articles 86, 87, 88,90, 95, et 98 qui sont consacrés à cet effet. Est-ce suffisant à votre avis ?
La loi électorale est venue pour purifier l’opération électorale. Avant l’avènement de cette nouvelle loi, l’enjeu principal résidait dans ce qu’on appelait « les têtes de listes ».
Autrement dit celui qui est classé en tête de liste à toutes les chances d’être député. Et au FLN on était parmi ceux qui avaient appelé à changer la donne pour la simple raison que ce procédé n’est pas en corrélation avec le choix du votant.
De plus, la loi électorale dans la nouvelle mouture combat parfaitement l’infiltration de l’argent sale dans la vie politique du pays.
D’ailleurs plusieurs candidats à la députation ont dû être éliminés en raison de leur accointance avec l’argent sale. Ce qui veut dire que cette loi électorale a servi de filtre aux candidatures douteuses. Donc, tous ces articles que vous venez de citer ont permis d’écarter les gens qui n’ont pas pour ambition de servir le peuple qui a voté pour eux. Aussi, je veux bien ajouter que ce changement apporté par la nouvelle loi électorale nous permettra de faire un grand pas vers l’action démocratique et le respect du choix du peuple lors des élections ».
Certains partis politiques ont carrément affiché leur rejet de ces législatives, d’autres, plus nombreux, ont annoncé leur participation. Est-ce à dire qu’on assistera désormais à une nouvelle configuration de la classe politique et comment le FLN, dont vous êtes sénateur, compte –t-il reconquérir son standing de première force politique du pays ?
Concernant les partis politiques dits « classiques », comme le FLN, RND, MSP il faut savoir qu’ils disposent d’assises de lutte et ces assises ont dû être ébranlés soit par l’arrivée de la nouvelle loi électorale soit par les enquêtes des services de sécurité qui ont permis d’éliminer des candidatures douteuses en rapport avec soit leur accointance avec l’argent sale , soit pour un autre motif. Ce qui a joué négativement en défaveur des chefs de ces partis. Et par conséquent sur les résultats des élections. Ce qui conduira à coup sûr, à la baisse du nombre de députés au sein de l’APN.
Concernant les autres partis qui ont boycotté le législatives j’avancerai sans risque de me tromper que s’ils ont boycotté, c’est qu’avant ils avaient tout le temps compté sur la politique des quotas dont ils se sont servis. Pour ce qui est du chapitre lié au FLN, je préfère ne pas me prononcer…
Les élus actuels du FLN ont-ils un rôle à jouer durant cette campagne électorale ? Si oui lequel ?
Forcément, ce sera à mon avis par le biais du porte à porte ou la proximité pour appeler à voter en faveur de tel ou tel candidat. Il y a également les réseaux sociaux qui constituent une tribune très efficace. Donc je pense que ces moyens seront exploités par les élus pour porter la voix de leurs candidats du parti.
Au cas où ces législatives ne débouchent pas sur l’émergence d’une majorité, ce qui est plausible au vu des listes de candidats qui émanent d’horizons divers. Quel scénario à votre avis, sera-t-il envisagé pour une cohabitation au sein du parlement ?
Comme je l’ai mentionné précédemment, la nouvelle configuration de la prochaine Assemblée nationale sera le réceptacle d’une multitude de groupuscules. Ces groupes issus des listes indépendantes et de la société civile auront à se liguer entre elles pour désigner le futur chef du Gouvernement. C’est mon point de vue…
Avec le nouveau découpage administratif qui porte le nombre de wilayas à 58 (48 anciennement), le nombre de sénateurs est forcément appelé à être augmenté. Un commentaire là-dessus ?
Question pertinente. C’est une question qui est appelée à être tranchée probablement après les législatives et les communales puisque pour le moment ces nouvelles wilayas du sud ne disposent pas encore d’Assemblée populaires de Wilaya
Nous ne terminerons pas cet entretien sans évoquer l’actualité internationale. Les Palestiniens subissent dans leur chair les bombardements sionistes. Quelle sont à votre avis, les mesures urgentes à prendre pour assurer la protection du peuple palestinien et ses lieux sacrés et à mettre fin à ces actes criminels et à la politique d’occupation israélienne des territoires palestiniens ?
Cette question qui nous peine chaque jour davantage doit connaitre son épilogue et le peuple palestinien la fin de son calvaire qui dure depuis des décennies.
D’ailleurs, à cet égard, un groupe de membres du Majlis El -Ouma, dont je fais partie, se rendra demain (vendredi) à Téhéran pour porter la voix de l’Algérie et réitérer sa position constante à l’égard de la cause palestinienne, laquelle est sacrée pour le peuple et le gouvernement algérien comme l’a si bien indiqué le président de la République Abdelmadjid Tebboune.
Entretien réalisé par Ferhat Zafane