Au Maroc, la chose est connue et reconnue de tous. Les sujets de sa majesté Mohamed VI y sont traités comme des objets. Ils y sont privés de leurs droits civiques, sociaux et économiques les plus vitaux.
Or, les choses se sont fortement aggravées depuis l’arrivée à la tête du gouvernement de l’oligarque Aziz Akhanouch, intégralement focalisé sur l’idée de rendre « concurrentiel » le royaume chérifien, dans cette course aux industries nouvelles, consistant à fabriquer en très grandes quantités des voitures électriques, notamment leurs batteries. Or, deux questions ou défis, majeurs, se posent à Akhanouch, ami et complice du roi marocain : d’abord, cette industrie est fortement polluante, et carrément mortelle pour les populations locales.
Ensuite, pour réduire au maximum les coups de production, il s’agit pour Akhanouch de se rapprocher au maximum des standards du sombre esclavagisme des temps anciens, que d’aucuns pensaient révolus. Mis, hélas pas au Maroc, il faut le craindre. Un communique de « Lutte Ouvrière » dont nous-nous sommes procuré une copie, évoque ironiquement les voitures marocaines du 21e siècle en convoquant une célébrissime référence littéraire, celle du « Germinal » d’Emile Zola.
« Pour approvisionner leurs nouvelles « gigafactories » de batteries électriques en cobalt, Renault et BMW ont noué un accord avec l’entreprise minière Managem, propriété de la famille royale marocaine ».
Outre ce flagrant conflit d’intérêt, il y a le peu de cas qui est fait du traitement des déchets, et de l’absence de respect des normes techniques requises dans l’extraction de ce cobalt, sans empoisonner les riverains marocains. « Les constructeurs mettent en avant ce choix pour verdir leur image, puisque, d’après eux, l’extraction du minerai se ferait dans des conditions « responsables ». Ce mensonge est dénoncé par une enquête du média associatif en ligne Reporterre ».
Nous en avons déjà longuement parlé dans un précédent article. « Renault explique sur son site que la mine de cobalt de Bou Azzer, située au sud de Ouarzazate, bénéficie de certifications internationales en matière de respect des travailleurs et de l’environnement. Mais les institutions qui les ont délivrées sont pilotées par les grandes entreprises minières. Managem fait également partie du « fair [équitable] cobalt alliance», qui rassemble également Tesla, LG et Glencore. Ce dernier, l’un des plus gros trusts miniers de la planète, s’est rendu célèbre il y a une dizaine d’années pour les ravages qu’ont causés ses mines de cuivre en Zambie, dont les maladies pulmonaires ont empoisonné la population de ce pays africain.
Autant dire que ces paravents cachent mal la réalité ». Renault et BMW, pris la main dans le sac, s’improvisent juges et parties, et se délivrent à eux-mêmes un faux certificat d’honorabilité et de bonne conduite. « Au Maroc, Managem extrait, depuis de nombreuses années, de l’arséniure de cobalt et commercialise l’arsenic qu’elle en tire et le cobalt qui entre dans la composition des batteries électriques. L’arsenic, obtenu après un traitement à l’acide sulfurique, est utilisé pour des pesticides.
Des dizaines de milliers de tonnes de ce produit extrêmement toxique sont stockées à l’air libre. Les mineurs développent des maladies des poumons et de la peau. Ils sont aussi victimes de nombreux accidents du fait des conditions d’extraction particulièrement dangereuses.
Le chant du cygne pour le régime de Mohamed VI…
Comme beaucoup sont engagés par des entreprises sous-traitantes, et souvent en CDD, ils ne disposent d’aucune assurance et ne peuvent se soigner. L’intoxication touche en réalité toute la population des villages autour de la mine, qui respire la poussière d’arsenic charriée par le vent. L’agriculture, quant à elle, est devenue impossible : plus rien ne pousse ».
Voilà comment la vie de milliers de familles marocaines ont été transformées en enfer, avec la bénédiction de leur roi, et le soutien de son bras droit, l’oligarque Aziz Akhanouch. « Des grèves ont été menées en 2011 et 2012, pour réclamer l’application du droit du travail, des mesures de sécurité et d’hygiène de base, comme du savon pour les sanitaires.
Une section syndicale a été construite, mais la répression a été féroce. Des militants témoignent dans le reportage des mauvais traitements infligés par la police marocaine. Il a fallu plusieurs années au régime pour vaincre les mineurs du syndicat et obtenir sa dissolution, en licenciant ceux qui refusaient de plier l’échine. On a là un exemple de ce que signifie la fameuse transition environnementale : c’est avant tout la poursuite de l’exploitation sans vergogne des hommes et de la Terre ».
Avec ce facteur aggravant lié au « deal du siècle de Mohamed VI, il est devenu évident que le régime makhzenien se trouve bel et bien à l’agonie. La question dès los ne se pose plus de savoir si le trône de Mohamed VI va s’effondre, mais uniquement quand…
Ali Oussi