Il a évoqué dans son discours le projet de gazoduc Nigeria-Maroc : Mohamed VI croit aux «mirages »
Le roi du Maroc Mohammed VI continue d’y croire : Dans un discours prononcé dimanche soir à l’occasion de la célébration du 47ème anniversaire de ce que les Marocains appellent « La Marche vert », -une marche entamée le 06 novembre 1975 donnant lieu à l’occupation illégale des territoires du Sahara occidental- a vanté dimanche soir le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, qui doit approvisionner l’Afrique de l’Ouest et l’Europe.
«Destiné aux générations présentes et futures, le projet œuvre en faveur de la paix, de l’intégration économique du continent africain et de son développement commun», a plaidé Mohammed VI.
«Notre souhait est qu’il soit plus largement un projet stratégique profitable à l’ensemble de la région de l’Afrique de l’Ouest, dont la population dépasse 440 millions d’habitants», a-t-il ajouté.
«Eu égard à la dimension continentale du Gazoduc Nigeria-Maroc, nous y voyons aussi un projet structurant promettant d’arrimer l’Afrique et l’Europe», a encore souligné le souverain.
Seulement, Mohamed VI ignore (ou fait semblant d’ignorer) que le projet de gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP), dont aucun calendrier n’a été établi, est tout simplement irréalisable pour maintes raisons, selon bon nombre d’experts.
Long de 5.700Km, le gazoduc (Nigeria-Morocco Gas Pipeline en anglais, NMGP devrait relier Abuja aux côtes de la péninsule ibérique, via les territoires marocains.
Le hic est qu’il devrait impliquer tous les pays ouest-africain, de la zone franc CFA (CEADO), et surtout les territoires de la Mauritanie et du Sahara Occidental, sur lesquels aucune souveraineté du Maroc n’est reconnue.
Aussi, vu ses capacités de transport, limitées à 5 milliards de mètres cube, il n’apportera pas beaucoup au Nigeria qui, in fine, ne pourra exporter via cet oléoduc que 3 milliards de mètres cube/an.
Ce projet qui, dans le meilleur des cas, ne verrait le jour qu’à l’horizon 2047, se heurte également, comme nous l’écrivions déjà sur ces mêmes lignes, à de sérieux écueils.
L’obstination du Maroc qui croule sous le poids de la dette publique extérieure, avec un taux qui frôle les 100%, relève de l’habituelle politique hasardeuse de ce régime.
Les experts ont estimé qu’au-delà de la faible quantité à transporter, le coût du Morocco Gas Pipeline qui s’élève à plus de 20 milliards de dollars, demeure au-dessus des capacités financières des deux pays.
Il faudra ajouter à cela, que le NMGP dépend d’un autre gazoduc sous-marin existant, l’Ouest-Africain, qui, sur une longueur de 678 km relie le Nigeria au Bénin, au Togo et au Ghana.
Ses parts sociales sont gérées par la société Wapco, appartenant à un consortium d’Etats et de multinationales telles que Shell et Chevron.
Les experts ont désigné le principal inconvénient technique sérieux. D’un diamètre de 20 pouces seulement, sa capacité de transport est donc limitée à 5 milliards de mètres cube par an.
L’Algérie dispose donc de toute les cartes pour dévitaliser le rôle du supplétif traditionnel du Makhzen en finalisant le projet du gazoduc panafricain qui renforcera sa position géostratégique. Bien que les exportations algériennes de gaz aient atteint « de niveaux satisfaisants », l’Algérie accorde un intérêt particulier à la concrétisation rapide du projet de gazoduc transsaharien (TSGP) visant à connecter les gisements de gaz naturel nigérians à l’Europe via le réseau de gazoduc algérien.
Il se veut « un choix stratégique à même d’assurer notre sécurité énergétique et celle de l’Europe », comme l’a réaffirmé le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane qui présidait début octobre dernier, l’ouverture du 2e Forum d’affaires Algérie-UE sur « le gaz naturel et les énergies nouvelles et renouvelables ».
D’ailleurs lors d’une réunion tripartite sur le projet de Gazoduc Transsaharien (TSGP) à Abudja (Nigeria) tenue en juin dernier, les ministres de l’Energie d’Algérie, du Niger et du Nigeria ont convenu, de la pose «des premiers jalons» de ce projet, en prévision de sa concrétisation dans «les plus brefs délais».
Mohamed Arkab avait fait savoir à ce propos, que «la relance du projet enregistré dans le cadre de la mise en œuvre du programme NEPAD intervient dans un contexte géopolitique et énergétique marqué par une forte demande sur le gaz et le pétrole, d’une part, et la stagnation de l’offre d’autre part, à cause de la réduction des investissements notamment en matière de prospection gazière et pétrolière depuis 2015.
Le ministre a également estimé que le TSGP «était un exemple de la volonté de nos trois pays à mettre en place une infrastructure régionale d’envergure internationale qui soit conforme à nos objectifs nationaux et à nos obligations internationales en tant que pays engagés à réduire l’empreinte carbone et sécuriser l’approvisionnement des marchés en gaz naturel».
Ce projet constitue également « une nouvelle source d’approvisionnement pour des marchés constamment sollicités, compte tenu de la place que le gaz naturel occupera dans le mix énergétique à l’avenir ».
En s’appuyant sur l’expérience des trois pays dans le domaine de la production, du transport et de la commercialisation du gaz naturel, en sus de ses avantages, ce projet devra renforcer les capacités de production et d’exportation des trois pays.
En somme, Mohamed VI est un vulgaire vendeur de rêve…
Y.Y