Les Accords d’Évian, 63 ans après : Mémoire d’une paix fragile et appel à la réconciliation
Par Abdelkader REGUIG
Le 19 mars 1962 marque un tournant décisif dans l’histoire contemporaine : ce jour-là, les Accords d’Évian sont signés entre la France et le Front de libération nationale (FLN) Algérien, mettant fin à huit années d’une guerre déchirante qui coûta la vie à « un million et demi de chouhadas » (martyrs) Algériens et des milliers de personnes du côté Français. Alors que nous commémorons le 63ᵉ anniversaire de cet événement historique, il est essentiel de revenir sur les leçons d’un traité qui scella l’indépendance de l’Algérie, tout en laissant des plaies encore vives.
Un conflit sanglant et des négociations secrètes
La guerre d’Algérie, débutée en 1954, fut l’un des conflits les plus meurtriers de la décolonisation. Opposant les indépendantistes Algériens du FLN à la puissance coloniale Française, elle plongea les deux peuples dans une spirale de violences, d’attentats et de répression. C’est dans ce contexte que des négociations secrètes s’ouvrent à Évian-les-Bains, en France, en 1961. Le lieu, choisi pour sa discrétion, devint le symbole d’un espoir de paix, porté par des figures courageuses comme Camille Blanc, maire d’Évian. Ce dernier, fervent défenseur du dialogue, paya de sa vie son engagement : il fut assassiné en mars 1961 par l’Organisation armée secrète (OAS), opposée à l’indépendance algérienne.
Les promesses des Accords : entre indépendance et protection des droits
Les Accords d’Évian, ratifiés le 19 mars 1962, prévoient un cessez-le-feu immédiat et fixent les bases de l’indépendance Algérienne. La France reconnaît la souveraineté de l’Algérie, tandis que le FLN s’engage à protéger les droits des populations européennes (les Pieds-Noirs ). Les accords garantissent également la libération des prisonniers politiques et la coopération économique entre les deux pays.
Les Accords d’Évian ont été largement soutenus par référendum en France le 8 avril 1962, avec une majorité écrasante en faveur de l’indépendance de l’Algérie.
Cependant, la signature ne mit pas un terme instantané aux souffrances. Une vague de violence persista, notamment perpétrée par l’OAS . Ce n’est que le 3 juillet 1962, après un référendum d’autodétermination organisé le 5 juillet, que l’Algérie est officiellement déclarée indépendante.
Mémoire et réconciliation : un défi toujours actuel
Soixante-trois ans après, l’héritage des Accords d’Évian reste ambivalent. Si ceux-ci ont permis de clore une guerre fratricide, les mémoires continuent de diverger, alimentant parfois des tensions. L’historien Benjamin Stora insiste sur la nécessité de « construire un pont entre les Algériens, les juifs d’Algérie et les Français pour les futures générations ». Un appel à la réconciliation qui résonne avec force dans un monde où les fractures coloniales persistent.
En Algérie, le 5 juillet est célébré comme Fête de l’Indépendance, honorant le sacrifice des « chouhadas ». En France, la date du 19 mars reste controversée, reflet d’une histoire complexe et douloureuse. Ces accords ont marqué la fin de la présence coloniale française en Algérie et ont ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire des deux nations.
Osons espérer aujourd’hui plus que jamais que cette extrême droite française qui veut prendre les Algériens en otage ne parviendra jamais à la Présidence de la République Française. Les feux mal éteint.
Le souvenir de la souffrance et l’horreur qui sont restés dans nos cœurs et dont les Algériens ont tourné la page, malgré que 63 ans après nous retrouvons encore des charniers de cadavres de nos chouhadas ( martyrs). Le résidus de l’OAS, les nostalgiques et les fils de Harkis continuent de susciter la haine en créant des tensions entre l’Algerie et la France.
Conclusion : Honorer le passé pour imaginer l’avenir
Commémorer les Accords d’Évian, c’est se souvenir du prix de la paix, mais aussi reconnaître les blessures qui tardent à cicatriser. Comme le rappelle Benjamin Stora, c’est en confrontant les mémoires et en dialoguant que les peuples pourront avancer.
Vive l’Algérie ! Gloire à nos chouhadas !— ces mots, gravés dans le cœur de millions d’Algériens, doivent aujourd’hui s’accompagner d’un devoir de vérité et de fraternité. Car la paix, si fragile soit-elle, mérite toujours d’être défendue.
Vive l’Algérie ! Gloire à nos chouhadas !
Abdelkader REGUIG
Président de la Fondation Algérie
Émail: orarexe @gmail. com