Maâti Monji est un historien célèbre. Célèbre avant tout pour avoir longtemps séjourné dans les geôles nauséabondes et inhumaines de Mohamed VI.
Seule une grève de la faim qui avait failli le faire passer de vie à trépas, avait permis sa libération, attendu que son embastillement était tout aussi arbitraire que son jugement. Il est aussi le fondateur de la première association des journalistes marocains d’investigation, dont avait fait partie Hicham Mansouri, dont l’emprisonnement dépasse les cauchemars les plus fous du « Procès » de Franz Kafka.
Les derniers rebondissements en date méritent cependant qu’on s’appesantisse dessus. Cela, même si plusieurs rappels historiques sont également nécessaires pour une meilleure compréhension du sujet qui requiert notre attention présentement.
Le Makhzen, depuis une vingtaine d’années environ, a opté pour des méthodes machiavéliques aux fins de briser, de brider, toute tentative de démocratisation véritable, ou même de critique de l’actuel système de gouvernance, antisociale et corrompu jusqu’à la moelle.
Des accusations infâmes et infamantes, fabriquées de toutes pièces, sont fabriquées contre des journalistes, des militants politiques et des activistes dans le but de les détruire définitivement sur les plans social, économique et professionnel.
Les journalistes Souleimane Raissouni et Omar Radi, toujours emprisonnés suite à des procès iniques et surréalistes.
Ils sont accusés de trahison, d’intelligence avec l’étranger, d’adultère, ou carrément d’actes sexuels contre-nature ! de quoi rendre indéfendable la position de ce genre de personnes dans une société musulmane et conservatrice, mais dont les dirigeants trahissent les Arabes, et pactisent avec les bourreaux des Palestiniens.
Or, pour comprendre le machiavéliqaue modus operandi du Makhzen, il nous suffit juste de rappeler la mésaventure judiciaire du journaliste Hicham Mansouri, racontée par le menu détails dans un entretien que nous avons fait avec lui.
Celui-ci, suivi à la trace par les flics d’Abdellatif Hammouchi, a vu son appartement pris d’assaut par les policiers le jour où il recevait chez lui une femme.
Le couple a été déshabillé de force, contraint de se mettre au lit et pris en photo. A côté de ces vils procédés, le Makhzen a créé des dizaines de médias de caniveau, alimentés par les services d’Abdellatif Hammouchi et Yacine Mansouri.
Ces faux médias, relaient ces campagnes de dénigrement en excellant dans la diffamation, l’insulte et l’invective. Claude Mangin, épouse du militant Sahraoui Naama Asfari, en a été fortement affectée lors de sa dernière tentative de mettre les pieds au Maroc pour rendre visite à son époux.
Il avait été qualifiée par ces « médias » de « la chrétienne épouse de l’égorgeur ! », sic ! bref, c’est sous l’optique de ces rappels historique qu’il convient d’aborder la énième campagne médiatique dont vient de faire l’objet Maâti Monji. Celui-ci y est qualifié d’apostat et de mécréant sur la base d’une déclaration déformée et sortie de son contexte.
L’historien et défenseur des droits de l’Homme Maâti Monjib, se dit ainsi victime d’une campagne de diffamation et de harcèlement après l’autodafé d’un exemplaire du Coran en Suède. En réaction, le Maroc avait convoqué le chargé d’Affaires suédois dans le pays et rappelé son ambassadeur en Suède.
Or, au Maroc, divers médias et autorités religieuses ont aussi affirmé que Maâti Monjib, déjà dans le collimateur de la justice, encourageait l’autodafé. Des affirmations que Maâti Monjib dément avec énergie dans la presse hexagonale. « Dès ma première déclaration, je l’ai condamné fermement. Je l’ai traité, celui qui a [fait ça], l’Irakien extrémiste, je l’ai traité d’extrémiste trois fois, mais j’ai critiqué la rupture provisoire avec la Suède. C’est irresponsable de la part du gouvernement marocain. J’ai dit : c’est ridicule, parce que le gouvernement n’y est pour rien ! Et donc, ils disent que je suis pour l’autodafé du Coran. Et même, imaginez que le lendemain, trois personnes se sont présentées chez moi, qui disent que je suis sorti sans papiers… C’est la police politique qui veut me faire peur pour que je ne critique plus. Imaginez les citoyens, les croyants surtout, qui vont dire que ‘Maâti Monjib est pour l’autodafé du Coran’ ! C’est vraiment très grave ! ».
Voilà comment, il devient possible de manipuler l’opinion. Le logiciel espion Pegasus, et la « Team Jorge » n’y sont guère de trop.
« Je condamne ces manipulations, et je dis que je résisterai au despotisme, à la répression, je défendrai toujours les journalistes qui sont en prison, et tous les intellectuels, et les jeunes qui sont en prison, je continuerai de m’exprimer quand je le peux, et le mensonge n’ira pas loin. » oui, le mensonge n’ira pas loin. Le Makhzen se sait à bout de souffle. D’où, l’accentuation de sa répression.
El Ghayeb Lamine