Massacre du 17 octobre 1961 : L’assemblée française sur la voie de la reconnaissance
Après François Hollande, qui a déclaré en 2012 que « la République reconnaît avec lucidité ces faits », et Emmanuel Macron, en octobre 2021, qui a soutenu que «les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République », l’Assemblée nationale française serait sur le point de condamner « «la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon, un certain 17 octobre 1961 ».
Une proposition de résolution, visant à reconnaître et condamner le massacre de manifestants algériens du 17 octobre 1961 à Paris, sera débattue, ce jeudi 28 mars, à l’Assemblée nationale française, rapporte la presse française.
Une proposition sur initiative de la député écologiste, d’origine algérienne, Sabrina Sebaihi «La société française est prête pour avancer sur ces questions mémorielles», avance-t-elle avec optimiste.
En cas d’adoption, cette résolution permettra d’inscrire une « journée de commémoration à l’agenda des cérémonies officielles ».
« Cette initiative est un premier pas vers une forme de rattrapage face à ce qui est pour la France un point noir de son histoire », estime l’élue de Nanterre, « d’où sont partis un certain nombre de manifestants ».
Certes, Sabrina Sebaihi est à l’origine du texte, néanmoins son écriture a fait l’objet de fréquents échanges avec la présidence française, dans un contexte où les questions mémorielles risquent de peser lourd sur les relations entre l’Algérie et la France.
D’autant que le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, a révélé, dans un entretien accordé à la plateforme de la chaîne Qatarie Al-Jazeera, Atheer, les « cinq lourds et grands dossiers » qui plombent les relations entre Alger et Paris. Il a cité notamment les dossiers de la mémoire, la mobilité des personnes, la coopération économique, les essais nucléaires française dans le Sahara algériens et la restitution de l’épée ainsi que le burnous de l’émir Abdelkader. C’est dire la sensibilité des « dossiers » et des relations algéro-françaises. Notons, qu’en avril 2023, Sabrina Sabaihi avait déposé une première résolution avant d’être « corrigée ». « Nous avons atterri sur un texte où il n’y a pas la notion de crime d’État », reconnait Sabrina Sebaihi.
« Le fait d’instituer une journée de commémoration a aussi donné lieu à de longues semaines de débats, mais sur ce point je n’ai pas voulu lâcher. Je regrette l’ambivalence du pouvoir : entre l’affichage et la frilosité. Mais nous devons avancer pour apaiser un grand nombre de personnes », ajoute-t-elle.
L’adoption du texte pourrait, de ce fait, obliger le gouvernement français à organiser une commémoration. Et ce alors que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, effectuera une visite d’État en France « fin septembre-début octobre »
S.R.