Eminent ténor du barreau, Gilles Devers compte à son actif bon nombre de victoires par KO. Cet avocat pénaliste qui maitrise le droit international mieux que personne, a déjà permis au front Polisario de remporter de décisives victoires contre l’occupant marocain au niveau de la cour de justice européenne.
C’est donc une chance qu’il soit à la tête de l’armée de quelques 500 avocats disséminés à travers le monde, auteurs de la plainte contre Israël pour génocide, et pas seulement pour crime de guerre ou crime contre l’humanité. Cette plainte, historique et importante à la fois, a été déposée au niveau de la cour pénale internationale (CPI) en date du 9 novembre courant.
Me. Gilles Devers, dans cet entretien haletant, s’en explique en n’y allant guère avec le dos de la cuillère. Très sûr de lui et de sa démarche, il commence par balayer d’un revers de manche ce mythe lié à l’impunité d’Israël dans ses crimes. Pour lui, en effet, la situation est en train de changer du tout au tout. Son refus d’adhérer à la CPI n’y changera rien du tout, face à la compétence universelle de nombreux Etats, et aux atrocités présentement commises à Gaza, sur lesquelles le monde ne peut fermer les yeux, ni demeurer les bras croisés.
« On discrédite le droit international parce qu’on le redoute », assène de la sorte cet avocat, en train de devenir le pire cauchemar des néonazis sionistes, après l’avoir été durant des années pour leurs alliés et complices marocains du Makhzen. Et de révéler que « Le débat a duré un an.
Y ont participé une centaine d’avocats, une cinquantaine pour la poursuite et l’autre contre. La cour a tranché le 5 février 2021 ». donc, oui cette instance juridique mondiale est compétente pour juger les dirigeants israéliens, quels qu’ils soient. Le débat est clos. Place à la procédure qui suit présentement son cours contre Benyamin Netanyahu et son complice Joe Biden.
Pour cet avocat, il est impossible de savoir si le président américain est juste complice et protecteur du génocide du peuple palestinien, ou s’il en est le véritable instigateur, avec Israël comme vulgaire exécutant et instrument du crime.
En attendant, la CPI a décrété que la Palestine est un Etat à part entière, qui en est membre. Cet Etat est souverain sur la Cisjordanie, sur Gaza et sur al Qods6est. L’illégalité de l’annexion par Tel-Aviv d’Al Qod-Est est donc jugée illégale et non-recevable de facto. Me Gille Devers révèle même qu’avant de parapher son adhésion à la CPI, le président Mahmoud Abbas a prévenu le Hamas et le FPLP, mouvements de la résistance armée et politique palestinienne.
Ces deux mouvements, arbitrairement classés terroristes par l’Occident, ont tous deux accepté de se mettre et de se soumettre à la justice universelle et internationale de la CPI. « Le Gouvernement de Ramallah est en droit de transférer sa compétence pénale à la CPI », explique encore Gilles Devers. Pour ce derniers, « Les conditions d’un génocide son réunies, j’ai des faits fondés sur des bases légales » pas moins de 500 avocats ont signé cette plainte. Ce ne sont certainement pas des novices en matière de droit pénal international. Il y a bel et bien génocide, qui est nettement plus grave et plus monstrueux que les crimes de guerre ou les crimes contre l’humanité. « Tous ces faits pris isolément donnent des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, mais une fois assemblés et contextualités, on aboutit clairement à un génocide ».
Et de citer pêle-mêle les exemples des « largage de bombes au phosphore sur des zones habitées pour brûler les gens, les humiliations des prisonniers, la privation d’eau, de soins et de nourritures », en sus de bombardements massifs qui font entre 97 et 98 % de victimes civiles. En matière de droit, la définition du génocide repose sur deux faits relativement distincts.
« Il ya l’extermination massive des populations et l’action déterminée pour détruire une société et ses liens sociaux ». il y a aussi l’orchestration préméditée d’une disette, doublée du déplacement massif de populations depuis leurs lieux de résidence habituels. Cette manière de faire est en effet semblable aux déporta tâtions pratiquées par les SS nazis durant la seconde guerre mondiale. Si cette seconde définition est clairement retrouvée à Gaza, la première n’est pas en reste non plus, avec plus de 13.000 martyrs enregistrés depuis le début de ce génocide du peuple palestinien le 8 octobre passé. Il est question de jurisprudence extraite des cas rwandais et de l’ex-Yougoslavie.
Pour Me Gilles Devers, il n’est même pas besoin d’enquêter, ce sont les ministres israéliens qui s’enferrent eux-mêmes en annonçant et revendiquant publiquement leurs crimes, allants pour certains jusqu’à qualifier d’animaux les Palestiniens de Gaza, fin d’en justifier la totale éradication. Gilles Devers, qui maitrise son sujet sur le bout des doigts, explique que cette plainte a commencé en 1917 avec la déclaration-promesse de lord Balfour.
Il n’y était pas question de compenser l’holocauste de la seconde guerre mondiale. Mais précisément de placer (en Palestine) un chien de garde face à l’imminence de l’indépendance de nombreux Etats arabes, et la découverte de pétrole au niveau de cette région. Le hic, c’est que la Palestine était déjà occupée. Son peuple a été chassé de chez lui, massacré et déporté vers les pays voisins durant la Nekba de 1947. Or, créer un état juif sur une terre déjà occupée c’est déjà du négationnisme et nier le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.
La Nekba a fait 700.000 arabes palestiniens expulsés de chez eux sous peine d’être massacrés. A tout cela, s’ajoute la colonisation massive, et l’arrivée de nouveaux juifs en Palestine, sachant que la colonisation de population est elle-même assimilable à un crime contre l’humanité.
El Ghayeb Lamine