Mostefa Benboulaïd : Une personnalité « exceptionnelle»
Avant de contribuer à unir les rangs des moudjahidine en prévision du déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954, la vision éclairée du martyr Mostefa Benboulaïd l’a amené à œuvrer à régler les conflits entre les ârouch dans les Aurès et à les unir, créant une synergie entre eux grâce à laquelle les préparatifs pour le jour J ont été assurés.
Des chercheurs et des moudjahidine de région de Batna ont en effet, mis en exergue, à la veille de la commémoration du 65è anniversaire de la mort du martyr Mostefa Benboulaïd, sa «personnalité exceptionnelle» qui mérite que les chercheurs s’y penchent et un «modèle de bravoure» pour les jeunes qui doivent s’en inspirer.
Ils s’accordent également à dire, que le statut social dont jouissait Si Mostefa dans toute la région des Aurès lui a permis de réussir cette mission.
Pour le chercheur spécialiste de l’histoire des Aurès et de la guerre de libération, Makhlouf Laâroussi, cité par l’APS, «les chercheurs en histoire sont invités à mettre en avant Benboulaid l’homme, dont plusieurs facteurs se sont réunis pour en faire le héros- symbole qui a défié la France coloniale ».
C’est lui dirige les opérations du 1er novembre 1954 dans l’Aurès, région qui joue un rôle particulièrement important dans cette journée qui marque le début de la guerre d’Algérie et qui va subir dès les premiers mois une très forte répression.
Le héros Benboulaïd était l’autodidacte qui à l’âge de 17 ans, après le décès de son père, a pris ses responsabilités et œuvré avec détermination à se frayer un chemin dans la vie, gagnant ainsi le respect des habitants de la région d’Arris», relève le chercheur qui a également souligné que les déplacements de Benboulaïd à l’intérieur du pays et ses voyages à l’étranger lui ont permis «d’acquérir plusieurs expériences qui ont fait de lui, le syndicaliste distingué et le politicien chevronné qui sentait et vivait la souffrance de son peuple opprimé par le colonisateur».
Selon M. Laâroussi, ce héros a sacrifié sa petite famille (père de sept enfants) pour sa patrie et dépensé son argent pour la cause de son pays «.
Et d’ajouter : « Sa parole avait du poids et son avis était recherché et respecté, ce qui lui a permis de convaincre à l’époque un groupe de +hors la loi+ à soutenir la cause nationale et à participer aux préparatifs de déclenchement de la Révolution ».
Benboulaïd, le symbole et le modèle
De son côté, le secrétaire de wilaya de l’organisation des moudjahidine, Labed Rahmani a affirmé que Mostefa Benboulaïd «demeurera le symbole qui a contribué à l’unification des rangs en vue du déclenchement de la Révolution, le modèle, le rassembleur et la fierté des Aurès», appelant les nouvelles générations à s’en inspirer pour servir le pays.
Labed Rahmani a également confié à l’APS que les habitants de la région de T’kout, suivaient avec intérêt le parcours de Mostefa Benboulaïd à commencer par sa victoire aux élections de 1947, son rôle dans la réconciliation des ârouch des Aurès et puis ses contacts permanents au début des années 1950 avec le défunt moudjahid Mustapha Boucetta, (connu pour être la boite noire de Benboulaïd), dans la région de Akriche en prévision du déclenchement de la guerre de libération.
Selon ce moudjahid, les habitants de la région dont ceux du douar Zelato, situé entre T’kout et Inoughissen entouraient d’un grand secret les visites de Benboulaïd dans la région qui était fréquentée aussi par des membres du groupe des 16, présentés comme étant des «hors la loi» par le colonisateur, à l’instar des martyrs Hocine Berrahayel et Grine Belkacem (Né le 27 mai 1927 au douar Kimmel à Batna et mort le 29 novembre 1954), et le défunt moudjahid Ahmed Kada.
«Il s’est avéré, par la suite pour les habitants de ces régions notamment les jeunes du douar Lakssar, distant de près de 10 km du centre de T’kout, que ces contacts visaient à la préparation de la Révolution de libération, ce qui m’a incité ainsi que de nombreux jeunes hommes et femmes dans plusieurs régions des Aurès, à prendre les armes et à rejoindre ceux qui ont déclenché la révolution le 1er novembre 1954 », s’est-il remémoré
Profondément ému et fier, il a conclu en soulignant que «c’est un droit de célébrer le martyr Mostefa Benboulaid, de perpétuer son nom et son parcours de génération en génération ainsi que les autres martyrs qui se sont sacrifiés pour l’Algérie libre et indépendante».
Mostefa Benboulaïd est arrêté le 11 février 1955 en Tunisie, condamné à mort par le tribunal de Constantine, il est incarcéré à la prison centrale de Constantine. Il s’en évade en novembre 1955 avec plusieurs autres détenus dont Tahar Zbiri, grâce à la complicité d’un gardien de prison, Djaffer Chérif.
Au cours de cette évasion, un de ses compagnons chute, se blesse et, repris, sera par la suite guillotiné. C’est en commun accord, au tirage au sort, que l’ordre d’évasion s’est déroulé.
Revenu dans le maquis, il est tué le 22 mars 1956 avec un de ses proches collaborateurs, Abdelhamid Lamrani (le frère de Laïd Lamrani) à la suite de l’explosion d’un poste radio piégé parachuté par l’armée française. Gloire à nos martyres…
Dj. Am