Politique économique de l’Algérie : Les appréciations du FMI
Dans un rapport de 97 pages, daté du mois de décembre 2021, le FMI (Fond monétaire international) décortique la situation économique de l’Algérie, décline ses propositions et évoque les contre-suggestions des autorités nationales. Globalement, l’instance internationale conforte la stratégie économique, adoptée par l’Algérie pour faire face à la récession, induite par la baisse du cours du brut à partir de 2014 et les effets de l’épidémie virale au Sras-Cov2. « La pandémie et le choc pétrolier concomitant de 2020 ont succédé à des années difficiles durant lesquelles les tentatives d’adapter l’économie à la baisse des cours du pétrole observée depuis 2014 ont été perturbées par l’évolution de la situation politique intérieure » mentionne-t-on dans le document. Le FMI estime, néanmoins, que « les mesures sanitaires prises en temps opportun et l’accélération de la vaccination ont contribué à atténuer l’impact de la pandémie de COVID-19 en Algérie. Une troisième vague de la pandémie en juillet 2021 a été maîtrisée ». Il parle d’une « reprise partielle, soutenue par la hausse des cours et de la production des hydrocarbures », malgré la persistance de déséquilibres macroéconomiques, Les déficits budgétaires sont maintenus à un niveau élevé, « malgré une politique de compression des importations » et le recours aux financements internes, assurés principalement par la Banque centrale. « Tout en saluant la stratégie de réformes des autorités, les services du FMI mettent en garde contre les risques associés aux politiques économies en cours. Les autorités doivent trouver un équilibre délicat entre les besoins de préserver la reprise post-COVID et de réduire les déséquilibres budgétaires et extérieurs afin de favoriser la croissance à moyen terme » souligne-t-on dans le rapport.
En clair, selon l’expertise du FMI, il convient de poursuivre la politique de subventions de l’Etat au profit des couches sociales fragiles et d’investir dans le secteur de la santé, tout en considérant les risques inhérents à la viabilité des finances extérieures et ceux de la dette publique. « Les réformes annoncées dans le plan d’action du gouvernement sont les bienvenues et devraient soutenir la croissance à moyen terme. Toutefois, faute d’un recalibrage de la politique économique, la persistance de déficits budgétaires élevés pourrait générer des besoins de financement de grande ampleur, épuiser les réserves de change et présenter des risques pour l’inflation, la stabilité financière et le bilan de la banque d’Algérie » relève le FMI, qui recommande « une stratégie plus prudente (qui) permettrait d’obtenir de meilleurs résultats économiques à moyen terme et de renforcer la résilience de l’économie. Un ensemble de politiques reposant sur un rééquilibrage budgétaire à partir de 2022, une plus grande flexibilité du taux de change ainsi qu’un resserrement de la politique monétaire pourrait contribuer à remédier aux déséquilibres budgétaires et extérieurs ». Il conseille, en outre, de diversifier les sources de financement du budget « en recourant à l’emprunt extérieur pour les projets d’investissement prioritaires par exemple ». Il propose, par ailleurs, d’engager « des réformes structurelles (…) visant à renforcer la transparence, réduire les lourdeurs administratives, accroître la numérisation, atténuer les risques d’ingérence politique, intégrer la bonne gouvernance dans le cadre juridique renforcer la surveillance dans l’ensemble du secteur public, et réduire les obstacles à l’entrée dans le secteur formel ».
Le FMI reconnait que les autorités algériennes ont consenti des efforts « pour réduire les restrictions à l’investissement direct étranger et développé des plans pour moderniser le cadre juridique de l’investissement et de la concurrence, ce qui devrait contribuer à diversifier l’économie et à favoriser l’investissement du secteur privé et la création d’emplois. L’ensemble de ces mesures constitue un pas dans la bonne direction ». Il juge aussi de bons augures « les annonces récentes concernant les plans de réduction des contraintes administratives et de renforcement du dispositif institutionnel de lutte contre la corruption »
Soulef B