Quand le nouveau Premier ministre marocain reconnaît la dépendance d’Oujda envers l’Algérie
Grand vainqueur des législatives marocaines – sa victoire était prévue depuis des années -, Aziz Akhannouch a été nommé Premier ministre par le roi Mohammed VI. Quelques heures plus tôt, il a donné un premier entretien à un média français, en l’occurrence l’Opinion.
L’homme d’affaires et ami proche du monarque a été, bien évidemment, interrogé sur la rupture des liens diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc. Bien que globalement il ait botté en touche, il a quand même fait un aveu de taille. Lequel aveu devrait faire taire la propagande du makhzen pour un bon bout de temps. Quant à lui, il pourrait se faire taper sur les doigts.
Répondant en effet à une question sur les conséquences de la rupture pour des régions comme celle d’Oujda – qui pour rappel vit essentiellement du commerce frontalier informel -, le nouveau chef du gouvernement marocain n’a pas fait dans la dénégation habituelle, imposée par le palais.
Il a plutôt prôné un nouveau modèle de développement pour sortir les régions frontalières avec l’Algérie de leur enclavement reconnaissant implicitement leur dépendance envers cette dernière.
« Sa majesté a toujours tendu la main vers l’Algérie, et les problèmes du passé ne doivent pas hypothéquer le futur des deux pays. Maintenant que les Algériens ont décidé de couper les ponts, nous devons repenser le modèle de développement local. Nous devons réorienter les échanges avec les autres régions du Maroc et encourager l’activité dans les régions frontalières », a-t-il expliqué.
Pour encourager ladite activité, le nouveau gouvernement marocain ne dispose pas de solution miracle. C’est même très difficile d’en trouver une à l’exception de solliciter une aide financière. Ce que Akhannouch ne cache pas en faisant avancer la carte des Etats-Unis et du nouvel allié moyen-oriental du makhzen. A ce rythme les deux finiront par s’agacer.
Au mois de mars, les autorités algériennes ont pris la décision de récupérer l’oasis de Laaroda, située sur la frontière algéro-marocain et exploitée gracieusement pendant des décennies par des paysans marocains. A ce jour, ils n’ont pas bénéficié de compensations ni de concessions agricoles dignes de ce nom.
Skander Boutaiba