Sonatrach ne lui fournit plus de fioul : le Liban risque « un blackout » total
Le Liban risquerait de plonger « dans le noir » total d’ici la fin de ce mois de mars, si Electricité du Liban (EDL) ne réunissait pas les fonds nécessaires pour l’achat du fioul de « toute urgence ».
Risque imminent de délestage
Le constat a été fait par Raymond Ghajar, ministre libanais sortant de l’Energie. Reçu au palais présidentiel, ce dernier a informé le président Michel Aoun des « dangers que la non-fourniture de fioul à EDL » pourrait avoir sur l’économie de ce pays, selon l’Orient le Jour.
« Nous avons épuisé tous nos moyens », a regretté le ministre. Et de s’alarmer, « Nous sommes aujourd’hui au XXIe siècle et nous parlons de l’incapacité d’un pays comme le Liban d’assurer ses besoins vitaux, notamment le courant électrique. (…) Peut-on imaginer des hôpitaux sans électricité ? ».
Le pays du cèdre dépend de l’importation du fioul pour produire l’électricité. Sonatrach et le koweïtien KPC étaient ses plus grands fournisseurs. Or depuis la fin 2020, la compagnie pétrolière nationale n’a pas renouvelé son contrat « arrivé à terme ».
Le fournisseur koweïtien, quant à lui, a prolongé son contrat pour une durée de trois mois seulement.
En 2020, des voix se sont élevées à Beyrouth accusant Sonatrach d’avoir fourni du fioul frelaté au Liban. Parmi elles, figure la députée et ancienne journaliste, Paula Yacoubian, qui a évoqué un « énorme scandale ».
Le démenti de Sonatrach
Des accusations que Toufik Hakkar, patron du premier groupe algérien, a balayées d’un revers de main. « Sonatrach n’est pas impliquée dans cette affaire », avait-il déclaré dans un entretien accordé à La Patrie News.
Faute de fioul, EDL a dû baisser sa production de près de 20 % en 2020 « pour des raisons financières, plongeant le pays dans le noir à plusieurs reprises au cours de l’année, en plein contexte de grave crise ».
« En l’absence de solution pérenne pour s’approvisionner en carburant, le Liban a récemment annoncé un accord avec l’Irak qui devrait couvrir le quart des besoins d’EDL, mais les caractéristiques du fioul irakien ne correspondent pas aux spécifications des centrales libanaises, selon plusieurs experts récemment interrogés par Le Commerce du Levant », précise l’Orient le Jour.
Par le passé, l’Algérie a sauvé ce pays du Proche-Orient du blackout. C’était le cas notamment en 2006 quand le Liban faisait face à une agression militaire israélienne d’envergure. C’était le cas également fin 2018.
Skander Boutaiba