Soutien de la Russie au Mali : Un choix hasardeux, aux conséquences improbables
L’axe Moscou-Bamako se renforce. Or, la Russie, en mettant les pieds au Sahel, donne l’air de ne pas maitriser la complexité des données liées à cette région, extrêmement volatile depuis l’assassinat par la France du colonel Mouammar Kadhafi. Le Colonel Assimi Goïta, président de la République du Mali, a révélé ce mercredi avoir convenu avec le président russe Vladimir Poutine de renforcer leur collaboration dans la lutte contre le terrorisme. Goïta a fait une déclaration concernant l’entretien téléphonique avec son homologue russe. Au cours de cette discussion, ils ont abordé différents sujets bilatéraux, en mettant particulièrement l’accent sur les aspects de sécurité et d’économie. Ils ont convenu de renforcer leur collaboration dans la lutte contre le terrorisme, une priorité cruciale pour les deux nations. Par ailleurs, mardi dernier, le président de la République du Niger, le Général Abdourahamane Tiani, a également eu des discussions avec le président Poutine. Les deux dirigeants ont évoqué la nécessité d’étendre leur coopération stratégique, multisectorielle et globale pour le bénéfice mutuel de leurs pays respectifs, selon un communiqué de la présidence nigérienne. Ces développements font partie d’une série d’initiatives visant à renforcer les liens entre la Russie et les États membres de l’Alliance des États du Sahel, à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Au cours des derniers mois, il y a eu une diversification des partenariats en accord avec la volonté des présidents Ibrahim Traoré, Assimi Goïta et Abdourahamane Tiani de renforcer la coopération régionale et internationale pour relever les défis sécuritaires croissants. La mise en place de l’AES (Alliances Etats su Sahel), représente une sorte d’alternative à la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d’Afrique de l(‘Ouest). Or, rien n’est moins sûr, compte tenu de la fragilité de cette alliance, comptant des dirigeants putschistes, défendent des intérêts divergeant, et privés de légitimité démocratique et populaire. Il est à relever par ailleurs que le mandat transitionnel d’Assimi Goita a pris fin ce même mercredi. Ce dernier n’y a pourtant fait aucune allusion. L’inconstitutionnalité de son pouvoir s’en trouve renforcé. Les observateurs se demandent s’il compte proroger son mandat transitionnel, ou bien convoquer des élections. Bamako, pour rappel, est en froid avec Alger à cause de notre appel pressant à dépasser rapidement cette instabilité constitutionnel, et à convoquer des élections le plus rapidement possible. Incapable de le faire, et de se réconcilier avec les deux-tiers des citoyens maliens, contre lesquels il a ouvert une guerre aux conséquences désastreuses, Assimi Goita se cache sous le prétexte de l’accord de paix d’Alger De 1995. Ce dernier nécessite certes d’être actualisé. Il n’en a pas moins permis au Mali voisin et frère de ne pas éclater. Or, en dénonçant cet accord pour des raisons vénales et personnelles, Assimi Goita ne propose rien d’autre que la voie sans issue de l’affrontement militaire.
Kamel Zaidi