Tension en Méditerranée orientale : Exercices militaires conjoints à quatre pays
Des exercices militaires conjoints à la Grèce, la France, l’Italie et Chypre devraient être menés ce mercredi et vendredi prochain, en Méditerranée orientale, un espace maritime sujet à tension entre la Grèce et la Turquie depuis quelques mois, à propos de projets d’exploration d’hydrocarbures.
Ces manœuvres militaires sont prévus au sud de la Crète et de Chypre, dans le cadre de l’Initiative quadripartite de coopération (SQAD), selon le ministère grec de la Défense. «Les tensions et l’instabilité en Méditerranée orientale ont accru les disputes sur des questions concernant l’espace maritime (limitations, migrations, flux etc) », a précisé cette source. Ces exercices interviennent alors que de « vives tensions » s’observent depuis des mois entre Ankara et Athènes après les découvertes d’importants gisements gaziers en Méditerranée orientale convoités par les deux pays. Ces derniers jours, un bâtiment sismique turc accompagné de forces navales, a été déployé dans la zone, provoquant la colère de la Grèce qui na pas hésité à en faire de même, déployant des bâtiments de guerre dans la région. Face à ces prémisses guerrières, l’Allemagne qui entretient de bonnes relations avec les deux pays et qui assure la présidence tournante de l’Union européenne a dépêché hier mardi, son ministre des Affaires étrangère à Athènes et Ankara pour tenter d’apaiser ce climat guerrier entre deux Etats voisins, membres de l’Otan. Le différend historique opposant Ankara et Athènes s’est accentué avec l’entrée en lice de la Turquie dans le conflit libyen, en s’alliant avec le gouvernement d’entente nationale (GNA) de Fayez El Serraj dans sa guerre contre les forces du maréchal Haftar. Athènes qui soupçonne la Turquie de visées sur les gisements gaziers libyens en Méditerranée orientale, riposte non seulement en soutenant Haftar, mais en signant un accord sur le projet de gazoduc EastMed avec Chypre et Israël le 2 janvier dernier. Ce projet devrait faire des 3 pays « un maillon de la chaîne d’approvisionnement énergétique de l’Europe et bloquer les tentatives turques d’étendre son contrôle sur la Méditerranée », via l’implication d’Ankara en Libye, via la signature d’un accord militaire ouvrant la voie aux Turcs d’entamer des explorations gazières en Méditerranée. « Ce gazoduc de 2 000 km sera capable d’acheminer entre 9 et 11 milliards de m3 de gaz par an depuis les réserves offshores du bassin levantin, au large de Chypre et d’Israël, vers la Grèce, ainsi que vers l’Italie et d’autres pays du sud-est de l’Europe grâce aux gazoducs Poséidon (interconnexion entre la Grèce et l’Italie) et IGB (interconnexion entre la Grèce et la Bulgarie) », souligne-t-on. Dans l’une de ses sorties visant Ankara, le porte-parole du gouvernement grec, Stelios Petsas, jugeait « très important » que les pays de cette zone « montrent leurs muscles face aux provocations de la Turquie ». Les exercices militaires quadripartites de ce mercredi, sont-ils une réponse à l’appel de la Grèce, ou ont-ils été programmés pour apaiser la tension entre Ankara et Athènes dont les répercussions en cas de conflit militaire ouvert, pourraient affecter la stabilité déjà précaire dans cette zone ? Abbes Mouats |