Tripoli dans le viseur d’Israël
Israël exerce à l’évidence une grosse pression sur la Libye. Les manœuvres encore discrètes il y a quelques semaines se font de plus en plus visibles avec un but final, insérer Tripoli dans liste des pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Tel Aviv. La diffusion à grande échelle, ce dimanche soir, d’une information rapportant un déplacement du général Haftar en Israël est loin d’être fortuite.
Tour à tour, des médias israéliens relayés par des médias arabes connus pour leur proximité avec des palais royaux arabes ne cachent plus leurs liens avec les palais royaux des monarchies du Golf ont fourni avec beaucoup de détails l’épisode du déplacement du candidat à la présidentielle libyenne. Ces derniers insistent aussi sur le fait que cet « événement » est le second enregistré en l’espace de trois mois. Haftar pèse de tout son poids dans l’échiquier libyen car c’est a lui qu’incombent les violences et imbroglios politiques qui freinent l’avancée du processus politique dans ce pays. Sa candidature
à la présidentielle du 24 Décembre dernier (reportée) est considérée comme une véritable menace accentuée par son rapprochement indéniable avec Israël. A ce jour, ce dernier n’a encore jamais démenti, ne serait-ce que pour la forme, toutes les informations selon lesquelles il a œuvré pour obtenir le soutien de Tel Aviv dans sa quête vers le pouvoir. Il n’a pas seulement laissé faire, mais au contraire multiplié et entendu ses contacts au chef du Mossad qu’il vient de rencontrer à l’aéroport israélite. Conscients de l’aversion qu’ont
une bonne partie des libyens et des dirigeants des pays voisins à son égard, les responsables israélien n’ont pas tardé à jeter également leur dévolu sur d’autres responsables libyens. L’épisode vécu avec la ministre libyenne des affaires étrangères est là pour le rappeler.
Elle a cédé la place de son pays au Maroc dans la course vers le CPS (Conseil pour la paix et la sécurité) au sein de l’Union africaine. Un poste stratégique qui conforte la présence d’Israël au sein de l’organisation africaine. Plus grave, et alors que tous s’attendaient
à un démenti de cette terrible nouvelle, cette dernière a confirmé le fait sur sa page officielle sans entraîner de réaction de la part de son gouvernement. Aujourd’hui, Israël tente de faire tomber le dernier « élément » qui officialisera la nouvelle tendance libyenne. D’une manière ouverte, elle force la main au gouvernement libyen afin que celui-ci reconnaisse avoir eu des contacts avec plusieurs responsables israéliens. Le démenti du premier ministre et le rappel de son soutien à la cause palestinienne est en échec en soi dans cette tentative. C’est pour cette raison que les nouveaux contacts avec Haftar ont été divulgués et ébruités à travers les médias. Une façon de brandir une menace sérieuse a la veille de grands changements politiques à Tripoli.
Amel Zineddine