Confidentiel
Huit clauses (secrètes) signées entre les services secrets turcs et sionistes
Au lendemain de l’attentat d’hier commis à Istanbul, et dont le dernier bilan est de six morts et 81 blessés, Ankara a immédiatement pointé un doigt accusateur vers le PKK, mouvement indépendantiste kurde. Ce modus operandi ne colle toutefois pas avec la manière de procéder du PKK. Il rappelle au contraire le terrorisme aveugle d’Al Qaida ou de l’EI (Etat Islamique). des preuves documentées existent sur les relations sulfureuses existant entre ces groupes terroristes et les services secrets turcs, le MIT. Ces groupes, financés et armés par Ankara, continuent d’écumer le nord de la Syrie. Aussi, est-il possible de supposer que l’attentat de la veille peut être dû à des représailles contre la normalisation par Ankara de ses relations avec Tel-Aviv. Pareil retour de flamme est bien connu en Occident, qui a nourrit et protégé les sanguinaires du GIA au nom de … la démocratie, et qui a aussi créé Al Qaida de toutes pièces au nom de sa lutte contre le « démon communiste ». En parallèle de la normalisation politique et diplomatique entre Ankara et Tel-Aviv affichée, c’est une réconciliation sécuritaire pleine et entière qu’ont discrètement signée les patrons du Mossad et du MIT. C’est ce que nous apprennent des sources bien informées. Le Mossad est autorisé à traquer de prétendues cellules dormantes iraniennes sur le sol turc. En visite officielle à Ankara le 27 octobre, le ministre sioniste de la défense, Benny Gantz, est venu sceller, auprès de son homologue turc Hulusi Hakar et du président Recep Tayyip Erdogan, la reprise pleine et entière des relations entre Tel-Aviv et Ankara, annoncée le 17 août. Dans le même temps, les maîtres-espions Hakan Fidan et David Barnea, patrons respectifs du service de renseignement turc MIT et du Mossad, ont finalisé un protocole d’accord secret définissant les modalités d’échange en matière de renseignement. Ce partenariat secret, apprend-on, est régi par huit clauses. Elles concernent d’abord l’entente relative à la présence en Turquie d’une équipe du Shin Bet – le service sioniste de sécurité intérieure – afin de protéger l’ambassade et le consulat de l’entité sioniste, mais aussi un accroissement de la coopération dans les domaines du contre-terrorisme et du contre-espionnage. Les ressortissants palestiniens résidant en Turquie devront, en ce sens, faire l’objet d’une surveillance accrue de la part du MIT. Le Mossad s’engage toutefois à ne jamais engager son unité Kidon (« baïonnette »), chargée des assassinats ciblés, contre des Palestiniens sur le sol turc. Cet engagement reste toutefois hypothétique. Siyvent, le Mossad n’a jamais hésité à poignarder dans le dos certains de ses plus puissants alliés, en commettant par exemple des assassinats sur le sol américain, ou européen. Le service de renseignement militaire sioniste, Aman, doit également coopérer, selon les termes de cet accord, avec le renseignement militaire turc, notamment en matière de renseignement électronique (SIGINT). Outre les rencontres officielles à l’échelon politique, la conclusion de cet accord est le résultat de tractations beaucoup plus discrètes, à l’instar de celles qu’avait entreprises le médecin privé de Recep Tayyip Erdogan, l’Israélien Yitzhak Shapira. Dans le monde glauque et opaque du renseignement, les contacts les plus « fructueux » se trouvent là où on les attend le moins. Pour rappel, la Turquie a nommé dans la nuit de vendredi à samedi un ambassadeur en entité sioniste après une absence de quatre ans. Au vrai, il s’agit de la dernière étape de la reprise complète des relations diplomatiques entre Ankara et Tel-Aviv. Sakir Özkan Torunlar, qui a été consul général de Turquie à Tel-Aviv entre 2010 et 2014, a de ce fait été nommé ambassadeur de Turquie en entité sioniste par décret présidentiel. Après plusieurs mois de réchauffement, la Turquie et l’entité sioniste avaient annoncé en août dernier le rétablissement complet de leurs relations diplomatiques et le retour des ambassadeurs. Les relations entre Ankara et Tel-Aviv s’étaient tendues en 2010 après l’assaut meurtrier des forces armées sionistes contre le navire turc Mavi Marmara, qui tentait d’acheminer de l’aide humanitaire à Gaza, enclave palestinienne sous blocus criminel, illégalement imposé en une punition collective contre le peuple de Gaza à cause de son choix électoral en faveur du mouvement Hamas qui, désormais, contrôle démocratiquement cette enclave. Ce réchauffement avait été stoppé net en mais dernier après l’agression sioniste contre Gaza, qui s’était soldée par le décès de 50 Palestiniens, dont bon nombre de femmes et d’enfants. Cette coopération sécuritaire secrète a de quoi mettre sur les dents les groupes terroristes islamistes d’Al Qaida er de l’EI. L’empressement d’Ankara à privilégier la piste du PKK est à tout le moins louche et anecdotique.
Kamel Zaidi