Projet de résolution sur le Sahara Occidental : Le Conseil de sécurité joue avec le feu !
Le document comportant 16 points, et que nous avons pu consulter, donne curieusement l’impression d’ignorer les sérieux et dangereux développements qui se sont produits dans la région depuis la rupture unilatérale par le Maroc du cessez-le-feu de 1991. Cela risque en effet de pousser le Polisario d’opter pour l’escalade militaire devant l’échec quasi-consommée de l’ensemble des voies et voix diplomatiques. Preuve en est que le document en question, s’il venait à être adopté tel quel, sans de substantiels amendements, ne ferait en effet que mettre le feu aux poudres. L’un dans l’autre, et n’en déplaise au fait que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guteres, a admis la reprise de ce conflit armé dans son dernier rapport remis au conseil de sécurité, ce projet de résolution fait (presque) comme si ce n’était pas vraiment le cas. Il pousse également la provocation jusqu’à ignorer les revendications légitimes et logiques soulevées par le front Polisario, représentant légitime et unique du peuple sahraoui. A savoir, fixer un agenda précis et des prérogatives clairement définies pour le nouvel envoyé spécial du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, Stefan de Mistura. C’est en effet le seul moyen efficace d’éviter la perpétuation du statut-quo imposé de facto par l’occupant marocain et subir ainsi quarante autres années d’occupation, de pillages et de sauvage répression. Ce n’est pas tout, alors que l’Algérie a officiellement rejeté la formule des négociations proposées par de Mistura, stériles et inutiles, ce projet de résolution donne également l’air d’ignorer ce refus, pourtant lourd de sens et de puissance. Le projet de résolution du conseil de sécurité se cantonne ans des lieux communs sans la moindre emprise sur les réalités du terrain. Un pareil choix, sans doute inspiré par la France, met en péril un processus déjà fortement fragilisé depuis que l’armée marocaine a illégalement envahi la zone tampon d’El Guerguerat en date du 13 novembre 2020. Le même projet se contente hélas de reprendre les mêmes formules usitées et usées jusqu’à la corde, alors que le peuple sahraoui continue de souffrir dans une indifférence quasi-généralisée. Il e devient évident, dès lors, que ce texte ne peut en aucune manière aider à résoudre ce conflit qui s’éternise de manière juste, légale et équitable. L’espoir, quoique ténue, demeure encore devant un possible sursaut de la Russie, suivies de la Chine, tous deux membres permanents du conseil de sécurité. Une rencontre de sensibilisation a eu lieu depuis deux jours entre Oubi Bouchraya et Sidi Omar, représentants de la RASD (république arabe sahraouie et démocratique), et Mikhaïl Bogdanov, représentant de Moscou pour l’Afrique et le Moyen-Orient. Dans le même temps, une mission de trente journalistes européens, dont nous avions fait état depuis près d’u mois, a séjourné pendant une semaine dans les camps de réfugiés et les territoires libérés, a poussé jusqu’au mur de la honte, pour constater de visu que le conflit armé, qui a bel et bien repris, n’est pas de « basse intensité » comme veulent le faire accroire le Maroc et la France. Si le conseil de sécurité persiste dans son approche tronquée et subjective, le front Polisario n’aura hélas pas d’autre choix que d’opter pour une escalade qui n’épargnerait sans doute pas tous les pays limitrophes dont les pays européens attenants à la rive méditerranéenne.
Kamel Zaidi