Grande figure de la Révolution algérienne, Meriem Abdelaziz a offert sa jeunesse, son engagement et sa vie comme tribut à la liberté de l’Algérie.
Retour sur le parcours d’une martyre.
C’est en plein cœur de la capitale, dans le quartier du 1er Mai, que Meriem voit le jour le 4 juillet 1937 au sein d’une famille de condition modeste. Les moyens matériels venant à manquer, elle est contrainte de quitter les bancs de l’école après le cours moyen. Désirant aider financièrement sa famille, elle décide de suivre une formation afin de mettre toutes les chances de recrutement de son côté. Etudiant la dactylographie à l’école Bégué, elle se lance, dès l’obtention de son diplôme, en quête d’un travail. Mais dans une Algérie sous domination coloniale, les chances sur le marché de l’emploi sont très inégales, aussi, la jeune Meriem essuie refus sur refus.
Grâce à une nature à la fois empathique et altruiste, elle décide de suivre la voie de l’humanitaire. Elle intègre donc le dispensaire de la Croix Rouge à Verdun et, au bout de six mois de stage, elle est enfin recrutée à l’hôpital Mustapha Pacha en tant qu’infirmière avant de rejoindre le staff de l’hôpital d’El Kettar où elle demeure trois ans.
Lorsque décision sera prise de prendre les armes pour libérer l’Algérie du joug colonial, Meriem, à l’instar de milliers d’autres Algériens n’hésite pas à s’engager pour la patrie. Craignant la désapprobation de ses parents, elle ne dira rien de ses activités militantes.
Possédant une machine à écrire que son père lui avait achetée lorsqu’elle suivait une formation en dactylographie, elle consacrait son temps libre à dactylographier des documents et lorsqu’elle était interrogée par ses proches sur ce qu’elle faisait, elle prétextait qu’elle rendait service à des collègues de l’hôpital.
Puis, petit à petit, Meriem s’est mise à rentrer de plus en plus tard à la maison, retenue par ses activités partisanes mais à ses parents, elle continuait à mentir pour ne pas attirer leur attention et surtout les inquiéter. Elle invoquait un travail urgent à l’hôpital ou la visite chez l’une de ses amies. Le doute commençait néanmoins à s’installer et il se confirme peu à peu lorsqu’elle commence à prendre des denrées alimentaires de la maison pour, soit disant, en faire don aux malades nécessiteux de l’hôpital d’El Kettar.
Vers la fin de l’année 1955, Meriem Abdelaziz qui prétexte une fois de plus une garde à l’hôpital, prépare soigneusement sa valise. Avant de partir, elle donne ses photos aux membres de sa famille. Dans son entourage, l’incompréhension se mélange à l’appréhension mais ils veulent croire que leur fille s’absentera juste le temps d’une garde. Pourtant, deux jours plus tard, elle n’est toujours pas rentrée à la maison. L’inquiétude s’installe. Au troisième jour, son père se rend à l’hôpital pour s’enquérir de l’absence de sa fille, le directeur lui dit alors qu’elle n’était pas venue travailler.
Le père de Meriem Abdelaziz se contente de cette réponse et retourne chez-lui, s’abstenant de déclarer cette « disparition » à la police ou à la presse car, quelque chose au fond de lui disait que sa fille avait, elle-même, choisi sa destinée et il ne voulait pas aller à l’encontre de ce choix noble.
Les doutes se muent finalement en certitudes lorsque, quelques jours plus tard, un homme se présente au domicile des Abdelaziz pour leur donner des nouvelles de leur fille qui avait rejoint le front pour combattre l’occupant colonial.
Au mois de février 1957, le nom de Meriem Abdelaziz s’inscrira sur les tablettes de l’Histoire de l’Algérie en lettres de sang.
En effet, sur instructions de la direction de M’sila, Meriem Abdelaziz et Fatiha Iratni, accompagnées d’El Hachemi et Boudiaf Essedik quittent Djebel El Maadid. Le 26 du même mois, le groupe est accroché par des troupes coloniales au douar Bouhmadou, dans le Hodna, dépendant de la Wilaya I. L’affrontement qui dure plusieurs heures se solde par un bilan lourd dans les deux camps. Côté français, de nombreux blessés sont enregistrés, tandis que du côté algérien, Si El Hachemi trouve la mort en martyr. Meriem Abdelaziz et Boudiaf Essedik, tous deux grièvement blessés sont faits prisonniers et transportés à l’hôpital de Setif. Ils succomberont tous deux à leurs blessures. Meriem Abdelaziz avait, tout juste, vingt ans.
Se souvenant de la personnalité charismatique et du courage incroyable de la jeune fille, le Docteur et moudjahid Abderahmane Boudiaf témoigne que « Meriem Abdelaziz était une infirmière active dans son travail, elle comprenait parfaitement les difficultés de la vie. Lorsqu’elle m’a contacté pour la première fois elle m’a dit qu’elle était prête pour tous les ordres qu’on lui donnerait pour la réussite de la révolution et exprimant seulement le vœu qu’il lui soit permis de descendre à Alger rendre visite à sa famille de temps en temps… ».
De son côté, la grande sœur de Meriem, révèlera que sa sœur « malgré ses graves blessures et les coups de crosses de mitraillette, a crié avant de rendre son dernier souffle : « Père, mes blessures ne me font pas mal, c’est les coups que j’ai reçus de l’ennemi qui déchirent mon corps en petits morceaux ». Gloire à nos martyrs.
Hassina Amrouni
Source : vitamine dz